Alors que les travaux de taille, liage étaient terminés, et que je passais les charrues, l’équipe s’est occupée de la mise en terre des sarments sélectionnés et préparés pour être replantés, l’année prochaine, dans la parcelle de vigne : Sainte Catherine.
L’étonnement général du village a apparemment été soulevé, durant le travail de Perine, Laurence, Franck, Clément et Cédric. En effet, la parcelle choisie pour planter occasionnellement ces plants, n’est pas une terre à vigne, elle l’était jadis, mais ne l’est plus. Les rumeurs vont donc de bon train dans le village. Apparemment, certaines personnes se sont déjà arrêtées, afin d’avoir plus d’information sur ce que nous faisions.
Car ce genre de plantation n’est plus courant dans le paysage viticole français. Seules quelques terres à vignes sont susceptibles de pouvoir accueillir des plants de ce type, non greffés, qui étaient avant l’époque du phylloxera, les seules vignes connues dans notre pays. Le phylloxera ayant irradié toutes les vignes françaises depuis maintenant plus de 100 ans, il ne reste que quelques sols de vignes capables de porter les fruits de ces plants. Seules les vignes dont les sols sont constitués de sables / Sables calcaires, sont aptes à grandir sans agression de ce nuisible, fatal à la vigne. Nous avons la chance d’avoir plusieurs de nos parcelles sur ces sols, certaines vignes déjà âgées, et d’autres qui viennent d’être arrachées, pour être replantées (le cas de la vigne Sainte Catherine). Je plante donc les plants sélectionnés dans notre vigne du chemin de Reims, dans une parcelle agricole pendant un an, le temps de laisser apparaître les racines et reposer le sol de la future terre à vigne.
L’équipe, que je dois féliciter pour son excellent travail cette semaine, a donc planté plus de dix mille plants, pour cette future plantation. La parcelle fait 43 ares, et sera plantée en « foule », comme le faisaient les anciens, avant l’apparition des chevaux dans les vignes. Ces vignes comptent à peut prêt trois fois plus de plants que maintenant, chaque pied est accompagné d’un échalas (piquet en bois), sur lequel nous venons lier le pampre du pied de vigne, et pour terminer, les plants sont rapprochés, et plus organisés en « ligne ».
Plusieurs avantages à cela : La concurrence entre les pieds de vignes favorisera l’enracinement en profondeur des racines de la vigne. Le nombre de grappes par pied est réduit à son minimum, environ 4 grappes, ce qui permettra à la vigne de se focaliser sur ces quelques grappes, pour leur donner le meilleur, et toute l’attention, sans s’éparpiller. Les machines ne pouvant pas non plus entrer dans la parcelle, j’éviterai par conséquent le tassement des sols. Il reste à savoir si nous parviendrons à travailler une telle surface de vigne en foule, avec le travail des autres parcelles. Rendez vous dans quelques années …
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