Deux – Mille – Dix
Pourquoi séparer ces trois nombres ?
Deux comme deux Hiver. Nous nous plaignons de ne plus connaître d’hiver, et cette année, l’hiver fût long et froid.
Mille comme un temps interminable de jours de soleil. Beaucoup de collègues ont eu peur de la sécheresse après cet hiver à rallonge.
Puis dix … dix fois trop d’eau en deux jours. Après cette grosse sécheresse, nous avons reçu en seulement deux jours (Mi août), plus d’eau qu’en quelques semaines / mois. 120 millimètres sont tombés sur nos sols et sur leurs plantes.
2010 fut rythmée par des stress et des excès. Le pouvoir d’adaptation de la vigne, aux différents climats et variations de températures fût mis à rude épreuve.
Ce stress qu’a accumulé la vigne s’est ressenti à la vendange. Le fruit de cette année était fragile.
Certaines parcelles ne sont pas parvenues à résister à cette année difficile, laissant leurs fruits tomber aux mains du botrytis. Ce fût le cas de nos parcelles de Meuniers, des Barres, des Beaux Sens, du Mont Taget, des Alliées …
Les raisins blancs quant à eux, ont montré les premiers signes de faiblesse le premier jour de la vendange, laissant alors apparaître quelques baies brunes au milieu d’autres déjà dorées. Puis, en suivant l’évolution de ces raisins, je me suis aperçu qu’il ne fallait qu’une journée pour que ces fruits s’abandonnent à un destin fatal. L’urgence n’était plus de vendanger les premières vignes de meunier (citée ci-dessus), déjà atteintes par le botrytis, mais bien de m’occuper des blancs, bien plus fragiles que les noirs. J’ai donc pris la décision difficile de laisser les vignes de Meunier, pour me précipiter vers les blancs. Des raisins murs, à la peau fine et fragile. Un résultat superbe à la sortie du pressoir, des jus précis, riches en sucre et en fraicheur.
Ensuite vint la vendange des Pinot Noirs, bien plus résistants que les raisins blancs, en nombre aussi bien moins important. Alors que les vignes de Chardonnay généreuses, nous donnaient de 40 à 60 hectolitres / hectare, les Pinots noirs, d’habitude plus gourmands, nous ont laissé de 20 à 40 hectolitres / hectare. Je dis souvent que la quantité de raisins dans les vignes m’importe peu, cependant j’ai toujours besoin d’un rendement minimum afin de pouvoir vinifier séparément les parcelles, pour offrir des Champagnes provenant du même lieu, sans assemblage.
Cette année, seules les vignes de Chardonnay ainsi que celles de pinot noir vont me permettre de faire des Champagnes de parcelles. Les Meuniers, quant à eux, furent vendangés à la fin. Une décision difficile mais sage que de les visiter en dernier. J’ai obtenu 4000 kgs de raisins de meunier, soit 2000 litres de jus sur cinq vignes, soit un peu plus de 2 hectares. Six fûts et un œuf accueillent donc ce que j’ai appelé cette année les Meuniers de sable, à défaut de pouvoir goûter chaque parcelle séparément.
Je reste très satisfait de cette vendange. Eprouvante psychologiquement, mais le soleil et la maturité des fruits, couplé au tri dans les vignes, nous laissent des jus suaves, riches et intéressants. Attendons de découvrir ces vins, à fort potentiel, mais certainement comme les raisins, fins et fragiles. 2010 pourrait être une excellente année si nous commencons à regarder le rapport sucre acidité. Mais ne parlons pas trop vite, patience …
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