Nous y voila. Pour résumer la situation globale en Champagne, nous avons eu un climat plutôt difficile jusqu’à il y a deux semaines. Difficile ou plutôt pluvieux, avec des averses répétées et quelques orages de grêle sans réel impact sur les bourgeons. Mais depuis quelques jours, voir petites semaines, le débourrement a eu lieu, suivant l’évolution du climat, vers un temps sec et ensoleillé.
Les bourgeons n'ont pas souffert de gelées dans notre coin, cependant, quelques ravageurs de la vigne sont venus dresser leur table au milieu de nos vignes. J'en ai pour preuve cette photo, qui nous montre bien à quel point les mange-bourgeons peuvent être affamés !
Pas de dégâts importants cependant. Ils ont coutume de commencer un pied de vigne, manger les bourgeons, puis parfois de passer au pied voisin pour enfin faire une sieste et arrêter leur course à la bonne bouffe. Oh non, pas question de traiter contre ces petites bêtes, un gourmand ne reprochera jamais à un autre de bien manger bien boire ... !
En terme de travail, si je résume la situation, les pluies du mois précédent nous ont totalement empêché de freiner la course des herbes folles, impossible de passer les charrues sous peine de faire un passage inutile (la pluie qui suit le désherbage mécanique re-dynamise l’activité racinaire des herbes qui ne sont que soulevées et non tuées). Et je ne vous cache pas que lorsque vous êtes le seul à ne pas utiliser de désherbant, lorsque vous passez prêt de vos vignes, imaginer ce que pense votre voisin qui vous fait un salut avec un sourire en coin, vient naturellement. Je renvoie donc à chaque fois ce petit signe de main, en profitant de cette grosse main pour cacher ma vigne forêt. (J’exagère certes, mais tout de même).
Après quelques ongles de mains rongés il s’est enfin mis à faire beau. Et ce depuis maintenant une grosse semaine. Les sols ont séché et là, nous avons pu nous mettre au travail. Dans un premier temps, nous sommes passés avec les « roto-fils » afin de couper les herbes hautes (qui empêchent aux outils interceps de faire un travail optimal).. Puis vint les passages de cet outil qui soulève l’herbe afin de décoller les racines pour ensuite laisser l’herbe mourir face au soleil qui les étouffe. Une grosse semaine de travail intense, pour en arriver aujourd’hui à un résultat qui rassure, et qui me réconforte dans mon choix de ne pas utiliser d’herbicides, nocifs pour la vigne, et pour son sol.
Voici quelques photos prises ce soir dans deux parcelles : La vigne du cimetière (Pinot Noir) , et les Heurtebises (Chardonnay)
Mais je préfère ne pas m'arrêter là, je sais que certains collègues vignerons vont lire ces lignes, et pour les rassurer, et satisfaire leur besoin de se rassurer en constatant qu'ils ne sont pas les seuls dans une situation tendue (je partage ce besoin ...), il nous reste encore du travail. Car malgré le passage de charrues et les nombreuses heures de travail à la main pour libérer les pieds des herbes trop encombrantes, il nous reste encore deux vignes, et en ce moment même, je vois déjà des herbes repousser à l'endroit même ou je suis passé cette semaine. Bon courage donc à tous les vignerons qui lisent ce blog, vous n'êtes pas seuls !
Je te renvoie le veux de courage - dans le Midi, la situation climatique était à l'envers de la votre, donc d'abord chaleur et peu d'eau - bonne avancement de la pousse dans la vigne - aussi bien sur les souches qu'à côté:-) - maintenant, nous passons par une alternance de pluie et grand soleil - le faucheur à pied, qui doit maitriser notre enherbement permanent, doit déjà repasser avent d'avoir terminé le premier passage...
Rédigé par : Iris | 13 mai 2008 à 11:32